{Parlé:}
Une chanson efféminée
Imprudentes ! Une chanson pour les dames. Mon Dieu, ma chère !
Quand une mariée, de fleurs toute fleurie
Gravit d'un pas tremblant le seuil de la mairie
Devant monsieur le maire et son ventre écharpé
Elle répond "Oui ! Oui !" d'un ton mal assuré
Festins, danses, chansons : elle est sa légitime
Et l'on entend sonner minuit, l'heure du crime
Alors tous les dessous, dans un coin, vont rêver
Au lit elle se demande "Qu'est-ce qui va m'arriver ?"
C'est d' la timidité
Et de la chasteté
C'est de l'ingénuité
Et d' la curiosité
Mais l' mari arrive et
C'est de la dureté
C'est de la cruauté
Et d' la férocité !
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es perdue
Car ce soir, dans le noir,
Tu perdras tout espoir
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es foutue
"Tu viens chez moi, beau blond ?" Soupire une vestale
Au flâneur hésitant, rêvant de saturnales
Il s'éloigne, il revient, il marchande et l'on part
D'un pas vraiment rapide. Il a l' feu quelque part
Un hôtel, l'escalier, une porte et l'on rentre
Je crois, se dit la dame, qu'il a du cœur au ventre
Là le faune amoureux la dénude en moins d' deux
Elle jette un coup d'œil et n'en croit pas ses yeux
C'est de la nudité
Et de la crudité
C'est de l'énormité
Et de l'immensité
Et la dame de crier
C'est de l'atrocité
De la lubricité
Et d' la rapidité
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es perdue
C'est l' frère à Rigoulot,
Un membre des cent kilos
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es foutue !
Près du bois de Boulogne, un soir où l'amour chante
Un jeune damoiseau est là, là dans l'attente
Les cheveux ondulés et la pochette au bras
En tortillant des reins il va, fait les cent pas
Un grand géant barbu lui dit quelques paroles
L'imberbe lui répond "Ah ! Tais-toi, tu m'affoles"
Et sous les yeux des cerfs, des cerfesses aux abois
Le barbu dit "T'occupe pas de c' qui s' passe derrière toi !"
C'est d' la cupidité
Et d' l'immoralité
C'est d' la sensualité
Et d' la postérité
L'autre se laisse tenter
C'est d' la fraternité
C'est d' la banalité
Et d' la polarité
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es perdue
Ils bousculent, dans les bois,
Le pot de fleurs des pois !
Imprudente,
Où vas-tu ?
L' diable te tente,
T'es foutue !
Prout, prout !
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