Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise 
Sous un drap de couleur fade contrastant ses souvenirs. 
Dar Baïda, un embarcadère ensoleillé au départ, 
Une arrivée sur un ponton terne et un visage hilare, 
Celui d'un contremaître, de l'encre, un tampon à la main, 
Frappant le flanc de cette valise retenant la douleur. 
Ces visages s'engouffrant dans un train, 
Direction l'usine de camions pour un bien dur labeur. 
Les sirènes n'ont pas de voix mélodieuse, 
Leurs appels stridents aux forçats cinglent leurs espoirs telles des 
Moqueuses. 
Ces vestiges de période dure qu'elle garde en elle, 
Ses séquelles marquent son cuir et le morcellent. 
Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise entreposée 
Sous la poussière terre d'une vieille remise. 
Des gerçures l'ont balafré de part en part, 
Une étiquette fanée rappelle son premier départ et, 
Janvier 53 l'a tatoué d'un plein cap sur le froid. 
Au fond de ce bagage pas d'invitation au voyage 
Mais la plaine de Ghilizane qui pleure un fils 
Parti gagner le droit de ne plus errer affamé. 
Au fond de ce bagage, la coupure tâchée d'un journal, 
Où s'étale le résumé du procès des agitateurs d'une usine embrasée. 
C'est une valise dans un coin qui hurle au destin 
Qu'elle n'est pas venue en vain. 
Refrain (x4) 
C'est une valise dans un coin 
Qui hurle au destin qu'elle n'est pas venue en vain 
Je suis allé faire parler le cuir usé d'une valise, 
Autrefois pleine d'espoir, maintenant pleine de poussière. 
Si tu savais son histoire, partie de la Soufrière, 
Emportant quelques vêtements chauds pour cette terre de convoitise. 
La haine et la neige comme découverte et, 
Les visages se glacent face au spécimen d'Outre- Mer. 
En cette pleine période d'exode, qui accompagne l'exil, 
Commence un triste épisode lorsqu'il débarque des îles, 
Pour finir empilée sur l'armoire du foyer, témoin du gain dur à 
Envoyer. 
Souvenirs ternes d'une employée fidèle 
Toujours à la traîne derrière cette employée modèle. 
Je suis allé faire parlé le cuir usé 
D'une valise de près d'un quart de siècle mon aîné, 
Dire qu'en 62, les ruines encore traumatisées 
De Lomé jusqu'au port de Goré, 
Elles témoignent de ces rêves en rupture de sève. 
A la levée des passerelles, sous une averse de grêle, 
Le mistral du Grand Nord traverse, sans jamais trahir, 
Le vieil héritage colonial dominé par des siècles, 
Reliant le Havre et ses environs 
Depuis la sinistre cale d'un navire d'embarcation. 
Quand même les rats et les cafards cohabitent en paix, 
Avec les symboles vulgaires de la France d'après guerre, 
Il se pourrait que cette valise, confinée dans un coin 
Hurle au destin qu'elle n'est pas venue en vain. 
Refrain (x4) 
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